Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/183

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dre les rênes du commandement ; mais à peine abordait-il sur la côte algérienne, que le Cabinet du 22 lévrier chancela. Alors, comme s’il eût craint de laisser après lui la gloire de l’expédition convenue, le maréchal Maison se hata de mander au maréchal Clauzel « Que les dispositions ordonnées étaient bien, il est vrai, conformes aux communications verbales avec plusieurs des ministres du roi, mais qu’elles n’avaient été l’objet d’aucune délibération du Conseil ; que c’était au nouveau Cabinet à refuser ou à accorder la sanction, et que, jusque-là, il importait de ne rien engager, de ne rien compromettre, de se renfermer dans les limites de l’occupation actuelle, dans celles de l’effectif disponible et des crédits législatifs » En même temps, l’envoi des troupes destinées pour Bone était suspendu.

Ce contre-ordre, si étrange, si peu attendu, jeta le maréchal Clauzel dans la stupeur. Il prévit le mal que tant d’Incertitude et d’hésitation allait causer, et il eut la douleur de ne pas se tromper. Bone inquiétée par Ahmed, le camp de Dréhan attaqué les tribus sur lesquelles nous comptions détachées de nous et châtiées par le bey de Constantine, les opérations dont Ghelma était le but, retardées à une époque où tout retard ajoutait à la somme des chances contraires tels furent les fruits de cette instabilité ministérielle, de cette politique sans nerf et sans suite, qui caractérisent le régime constitutionnel.

Sur ces entrefaites, M. de Rancé, aide-de-camp du maréchal Clauzel, ayant rapporté de Paris la