Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/225

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rieurs, ils n’avaient rien à refuser aux distributeurs de popularité, aux simples donneurs d’éloge. M. Loëve Weymar fut jugé apte aux fonctions diplomatiques pour avoir publié dans la Revue des Deux-Mondes un article plus favorable au président du Conseil qu’au ministre de l’instruction publique. De là, dans le camp opposé, mille rumeurs des exhortations, des menaces. M. Guizot souffrirait-il plus long-temps un pareil système d’attaques souterraines et qu’on marchât à la ruine de son influence par l’obscurcissement de sa renommée ? Que tardait-il à rompre avec des collègues pour qui sa supériorité seule était une offense ? « Décidez-vous, lui disait M. Bertin, et, si vous succombez, je vous promets que le Journal des Débats vous suivra dans l’Opposition. » La mesure des griefs était comblée de part et d’autre : la lutte prit un caractère décisif. Alors vous eussiez vu, spectacle accusateur des institutions plus que des hommes ! les deux principaux personnages de l’État réduits à se disputer le cœur du monarque, s’empresser autour de ’lui, deviner ses désirs, faire assaut de propositions dont le prétexte du bien publie colorait à peine le sens véritable. Pour témoigner de sa sollicitude à l’égard de la personne royale, M. Molé avait voulu se faire accorder le droit d’éloigner de Paris les citoyens suspects à son tour, M. Guizot demanda qu’on trainât devant la juridiction exceptionnelle de la Cour des pairs le Courrier français, coupable, suivant lui, d’outrage au prince. Portée au Conseil, la mesure y parut grave ; et, comme les avis se montraient partagés, on raconte que le roi se répandit