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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/229

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chal Soult, la non intervention ; M. Thiers, l’intervention M. Humann, la conversion des rentes ; M. Passy, Alger ; et ils ne tarissaient pas d’attaques contre ce qu’ils appelaient ironiquement le ministère des questions réservées.

Sur ces entrefaites, M. Thiers avait été mandé au Château. Le roi lui fit un accueil plein de grâce, et sembla d’abord courir au-devant d’une explication franche. « J’ai deux volumes à faire, lui dit M. Thiers un sur la politique intérieure, l’autre sur la politique extérieure », et, comme il n’ignorait pas que c’était sur le second que portaient les plus graves dissidences, il commença par le premier. Il exposa que la société s’acheminait vers un état de calme qui autorisait une politique moins absolue qu’on avait atteint le but, qu’il fallait craindre de le dépasser que la ligne à suivre était indiquée par le fractionnement de cette majorité parlementaire, si compacte et si inflexible lorsque l’émeute venait pour ainsi dire frapper chaque jour aux portes du palais et qu’on était réduit à lui livrer bataille dans la rue ; que le temps des concessions prudentes était arrivé. Le roi parut en tomber d’accord, et il laissa M. Thiers se bercer de l’espoir qu’on adopterait ses vues mais, quant à celles qui avaient trait à la politique étrangère, il en renvoya l’exposition au lendemain. Là pouvait être l’écueil, et M. Thiers le sentait. Aussi apporta-t-il beaucoup de réserve dans l’énoncé de ses projets. L’intervention en Espagne, telle qu’il l’avait voulue, il l’abandonnait par respect pour les décisions de la Chambre. Mais il demandait que, du moins, on n’enviât pas à