Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/251

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étant : pour le duc d’Orléans, le président et les quatre vice-présidents de la Chambre des députés, les quatre vice-présidents de la Chambre des pairs, les maréchaux Soult, Lobau et Gérard, le prince de Talleyrand ; et, pour la princesse Hélène, le baron de Rantzau, le duc de Choiseul, M. Bresson. Vint ensuite la cérémonie religieuse, qui eut lieu, selon le rit catholique dans la chapelle de Henri II et, selon le rit luthérien, dans la salle de Louis-Philippe. Des banquets somptueux, des spectacles, des cavalcades brillantes, des divertissements de tout genre prolongèrent, pour la jeune princesse, l’enchantement d’une journée aussi solennelle. Mais des émotions plus profondes lui étaient réservées.

Le 4 juin, la famille royale avait quitté Fontainebleau et se dirigeait vers la capitale. On était arrivé sur un coteau un peu en avant de St-Cloud lorsque la princesse Hélène aperçut tout-à-coup, a demi-cachée dans la vapeur, une masse imposante, confuse. C’était Paris. En approchant de cette ville aimable et tragique, peut-être la duchesse d’Orléans éprouva-t-elle, au sein de sa joie, une secrète terreur. Que ne pouvait-on lui dire :

« Vous allez vivre, Madame, au milieu d’une nation loyale. Le peuple, en France, respecte les princesses, non parce qu’elles sont princesses, mais parce qu’elles sont femmes. Vous venez, il est vrai, dans un pays qui a été fatal à des reines allemandes, dans un pays où la vie des rois est pleine d’angoisses, et où la foule a un flux et un reflux comme la mer. Ne craignez rien cependant. Il est des époques qui n’apparaissent qu’une fois. Le peu-