Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/380

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Révolution, qui, voulant réformer le pays, y avait entassé des ruines ; de l’Empire, qui, nous apportant la victoire, avait fini par nous donner le despotisme et la défaite ; de la Restauration, qui, venue pour réconcilier la monarchie avec l’esprit nouveau, était morte dans un coup d’État. Qu’avez-vous fait du pouvoir ? criait aux ministres M. Guizot. Qu’avez-vous fait de la liberté ? leur criait M. Thiers. Attaques contradictoires qui condamnaient assez l’alliance !

M. Molé, à la Chambre des, pairs, avait tenu bon contre MM. Cousin, Villemain, de Broglie, de Montalembert ; à la Chambre des députés, il se défendit mieux qu’on ne croyait. Il eut des répliques fort heureuses, soudaines. M. Guizot ayant cité, en l’appliquant aux courtisans, le mot de Tacite omnia serviliter pro dominatione, ils font tout servilement pour devenir les maîtres, « Quand Tacite disait cela, répondit M. Molé, il ne parlait pas des courtisans, il parlait des ambitieux. » De leur côté, les autres ministres, MM. de Salvandy, de Montalivet, Barthe, Martin (du Nord) firent effort contre la coalition, non sans fermeté.

Mais les coups se succédaient, le péril grossissait d’heure en heure, et les ennemis du ministère semblaient se multiplier. Ce fut d’abord la dialectique serrée, nourrie de faits de M. Billault. Puis vinrent les sorties de M. Duvergier de Hauranne contre l’emploi des moyens corrupteurs, et son acre persimage. « Votre discours n’est qu’un mauvais pamphlet », s’écria M. Molé poussé à bout. Et l’orateur de poursuivre, plus implacable encore et plus