Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/459

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venu à obtenir du vice-roi une lettre qui enjoignait à Ibrahim de ne pas chercher l’action si les Turcs consentaient à évacuer le territoire égyptien, et de ne pas avancer dans le cas où, forcé de combattre, il demeurerait vainqueur. Cette lettre importante, M. Caillé avait fait diligence pour la remettre à temps ; et s’il n’arrivait pas assez tôt pour empêcher le conflit, il arrivait du moins à heure fixe pour prévenir la conquête. Ce ne fut pas sans un dépit violent qu’Ibrahim se vit arracher le bénéfice de sa victoire. On voulait donc qu’il renonçât aux légitimes avantages d’une bataille gagnée ! Et c’était l’amitié de la France qui exigeait cela de lui ! Que lui parlait-on des ordres de son père ? Son père eût-il écrit la dépêche, connaissant Nézib ? D’ailleurs, il fallait bien que l’armée avançât pour avoir des vivres. Singulière injustice ! Il venait d’être attaqué, il venait de vaincre ; à lui était le droit, à lui la force… et on l’enchaînait ! Ces plaintes, du général égyptien étaient d’autant plus naturelles, que, dans le camp de Hafiz, on avait trouvé des papiers contenant les instruction secrètes du sultan, instructions qui dénonçaient dans Mahmoud une longue préméditation de vengeance et de guerre. Mais, pour prix de ses conseils écoutés, le gouvernement français offrait sa médiation, si nécessaire contre le mauvais vouloir des autres Puissances : Ibrahim se résigna.

Mahmoud n’apprit point sa défaite. Car, tandis que le canon de Nézib faisait trembler l’empire des Osmanlis sur ses vieux fondements, la prière publique était ordonnée dans les mosquées de Cons-