Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/464

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la nationalité arabe allait refleurir sous les auspices du vice-roi, évidemment destiné à tenir le sceptre de l’Orient rajeuni. Il importait donc de ne rien jeter entre sa fortune et Constantinople. Après Koniah, vingt marches l’eussent conduit au sérail ! Pourquoi l’avait-on arrêté ? Puisque la Turquie agonisait, puisqu’elle ne pouvait plus s’interposer efficacement entre l’Europe occidentale et les Russes, que ne cherchait-on à la remplacer ? On voulait l’intégrité de l’empire ottoman, et elle n’était plus possible au moyen du sultan et des Turcs : il fallait donc la rendre possible au moyen des Arabes et de Méhémet-Ali. Sur le trône de Constantinople siégeait un fantôme : il y fallait mettre un homme armé. Méhémet-Ali, d’ailleurs, n’était-il pas un ami de la France ? Et l’Égypte, soumise à notre influence, ne faisait-elle pas de la Méditerranée ce qu’avait deviné le génie de Napoléon, un lac français ?

M. de Lamartine se prononça tour-à-tour, et contre le système turc, et contre le système arabe. L’intégrité de l’empire ottoman lui paraissait un rêve, avec le pacha d’Égypte aussi bien qu’avec le sultan. Comment espérer que Méhémet-Ali et Ibrahim parviendraient à resserrer dans leurs mains, si fortes qu’on les connût, tant de populations amollies ? Où la trouver cette nationalité arabe dont on faisait bruit ? Entendait-on par là l’incohérent, le monstrueux assemblage des Égyptiens, des Druses idolâtres, des Maronites catholiques, des Bédouins du désert ? On sacrait Méhémet-Ali fondateur d’empire ! Mais dans une contrée où n’existaient ni institutions, ni lois