Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/505

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Le jour où la dotation du duc de Nemours a été si injurieusement refusée aux désirs du roi, il est devenu manifeste que le sens monarchique manquait à la bourgeoisie. Plus on conteste au prince le droit d’agir, plus, si l’on veut qu’il se maintienne, on doit lui accorder les moyens de briller. Le faste est plus nécessaire à un roi constitutionnel qu’il ne l’était à Louis XIV, pouvant dire : « Je veux. »

D’où vient donc que la bourgeoisie l’a entendu autrement ? Cela vient de ce que, par essence et à son propre insu, la bourgeoisie, qui n’a pas le sentiment démocratique, est cependant républicaine.

Elle n’a, faisant violence à sa nature, adopté la monarchie que par égoïsme. Elle a cru que la royauté l’aiderait à contenir le peuple ; que le trône serait comme ces bâtons vêtus qu’on plante dans les champs pour empêcher les oiseaux du ciel de s’y abattre.

Mais était-il possible que la royauté se contentât d’un rôle automatique ? Il y avait folie à l’espérer. Les docteurs de la bourgeoisie avaient eu beau dire : « Le roi règne et ne gouverne pas. » Ce n’est point avec des subtilités qu’on mène le monde. Voilà pourquoi le gouvernement personnel a été si violemment attaqué par la bourgeoisie, dont il servait néanmoins le but ; voilà pourquoi le duel des deux prérogatives se retrouve toutes les fois que de communs périls ne viennent pas renouveler entre la bourgeoisie et la royauté une alliance éphémère.

Comment se dénouera la situation ? Le gouvernement parlementaire a de trop profondes racines