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Histoire de la Révolution.

Cette assemblée des Capucins n’était pas née viable : elle ne tarda pas à se disperser au milieu des huées. Il en fut de même du Club français ; car à l’égard de toutes ces réunions aristocratiques, le peuple se montrait impitoyable, et comme il n’arrive que trop souvent, se faisait tyran pour être libre. « Le peuple, racontait l’Observateur au mois de mai 1790, a déniché un club d’aristocrates qui se tenait rue Royale, butte Saint-Roch… C’est un rendez-vous de financiers, de robins et de prêtres qu’assemble l’espoir d’une contre-révolution. Une dame de Levelleur loue le premier et le second étage de sa maison, à raison de mille écus par mois… Pendant toute cette semaine, il a tenu ses conciliabules au milieu des sifflets et des huées, et ayant toujours une garde nombreuse à l’entour de la maison. « Voilà des aristocrates qui en gardent d’autres, » disait la foule. Bailly se rendit là jeudi, et assura au peuple, ce qui ne le contenta point, que cette assemblée n’avait aucun mauvais dessein. Le lendemain, une ordonnance qui l’autorisait fut affichée… Mais, dans la soirée même, on y courut… Le traiteur qui apportait à manger fut repoussé et forcé de retourner sur ses pas. L’abbé Maury, la veille, avait craché sur le peuple, du haut d’une croisée : il fut conspué à

Et l’autre, errant dans cette ville,
Peut avoir à peine un asile
Aux Capucins.

L’un voudrait de la Rome antique
Parodier la République
Aux Jacobins ;

L’autre, aimant le pouvoir unique,
Tient beaucoup pour le monarchique.
Aux Capucins.

Tous sont égaux, laquais et maîtres,
Ducs et barbiers, catins et prêtres,
Aux Jacobins :

On ose entre eux, pure ignorance !
Établir une différence,
Aux Capucins*.

  • No 7 de la Chronique du Manège