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Histoire de la Révolution.

Ne comptez jamais sur cela,
Papa, papa, papa, papa,
Que je vous plains, vous ne régnerez pas !

[1]

Coups perdus ! La popularité des Jacobins croissait de jour en jour, d’heure en heure, et la masse allait vers eux, portée par une sorte de courant magnétique. Mais comme la salle des séances ne pouvait contenir qu’un nombre assez limité de personnes, comme d’ailleurs, elle était fermée aux femmes, comme enfin il y avait des frais d’admission que beaucoup d’ouvriers n’étaient point en état de payer, il s’éleva de toutes parts, sous le patronage du club des Jacobins, des sociétés fraternelles où furent admis les citoyens les plus pauvres, et les femmes et les enfants. La première de ces sociétés fraternelles se forma aux Jacobins mêmes et reçut, pour y tenir ses séances, une salle basse du couvent. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans le journal de Camille Desmoulins :

«La plus ancienne et, jusqu’à ce moment, la plus illustre des sociétés fraternelles doit sa naissance à un respectable maître de pension qui a d’abord rassemblé la classe la moins aisée, c’est-à-dire la plus intéressante du peuple, pour lui expliquer les décrets. M. Dansart, son glorieux fondateur, continue à présider la société fraternelle. Il est là comme un père au milieu de ses enfants. Quelques mèches éclairent la salle. Les chaises se louent aux frais de la société. La contribution est d’un sou par membre, et la société trouve encore le moyen de répandre quelques bienfaits. La société a fait plus que le serment civique. Comme elle est composée en grande partie de femmes et de filles, elles ont fait serment d’apprendre à lire à leurs enfants dans la Déclaration des droits, et de ne jamais se marier avec des aristocrates[2]». Bientôt les sociétés fraternelles et les clubs patriotiques se multiplièrent à un point extraordinaire et

  1. Les Sabbats jacobites, 11e sabbat
  2. Révolutions de France et de Brabant, n° 64.