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Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/143

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DU TRAVAIL.

berté, appelant dans chaque sphère de travail un nombre de producteurs que rien ne limite et qui s’accroît sans cesse, les nouveaux venus, pour se faire place, sont forcés d’engager contre ceux qu’ils rencontrent sur leur chemin un combat désespéré, un combat furieux. Et comment s’appellent les armes qu’on y emploie ? elles s’appellent falsifications, baisse systématique des prix, mensonges, calomnies, ruses de toute espèce. Pour augmenter sa clientèle, il faut que le marchand attire à lui celle du voisin. La science, en mettant au jour des procédés nouveaux, ne fait que livrer à quelques-uns une massue avec laquelle ils écrasent leurs rivaux. Est-il une fortune qui, sous le régime de la concurrence, ne soit bâtie en quelque sorte avec des ruines ? Et qui peut dire de combien de calamités partielles se compose le bonheur du parvenu ? Vous montez, mais vous vous êtes fait un marche-pied de victimes. Voilà l’intérêt personnel en action, dans le régime actuel ; et où donc, je le demande, le sentiment du devoir trouvera-t-il, sa place entre celui qui écrase et celui qui est écrasé ?

Car il n’est pas furieux seulement ce combat dont j’ai parlé, il est odieusement inégal ; il met aux prises le riche et le pauvre, le faible et le fort, le spéculateur qui a pour lui toutes les chances de l’audace, et l’honnête homme qui n’a que celles du travail. La victoire, pourrait-elle être douteuse ? M. Michel Chevalier sait bien que, dans les batailles industrielles, la victoire appartient aux gros capitaux, comme, dans les autres batailles, elle