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DU TRAVAIL.

phénomène qu’il ne peut expliquer. Il semble, dit-il, que les hommes devraient être extrêmement multipliés sous un gouvernement où personne n’est oisif, où personne n’est excédé de travail ; où la nourriture est saine, abondante, égale pour tous les citoyens, qui sont commodément vêtus ; où les vieillards, les veuves, les orphelins, ont des secours immenses sur le reste de la terre ; où tout le monde se marie par choix, sans intérêt, et où la multitude d’enfants est une consolation sans pouvoir être une charge ; où la débauche, inséparable de l’oisiveté qui corrompt l’opulence et la misère, ne hâte jamais le terme de la dégradation ou de la décadence de la vie humaine ; où rien n’irrite les passions factices et ne contrarie les appétits bien ordonnés ; où l’on jouit des avantages du commerce sans être exposé à la contagion des vices du luxe ; où des magasins abondants, des secours gratuits entre des nations confédérées par la fraternité d’une même religion sont une ressource assurée contre la disette qu’amène l’inconstance ou l’intempérie des saisons ; où la vengeance publique n’a jamais été dans la triste nécessité de condamner un seul criminel à la mort, à l’ignominie, à des peines de quelque durée ; où l’on ignore jusqu’au nom d’impôt et de procès, deux terribles fléaux qui travaillent partout l’espèce humaine : un tel pays devrait être, ce semble, le pays le plus peuplé de la terre. Cependant, il ne l’est pas. — Le fait est que, sur un territoire aussi étendu que celui de la France, le Paraguay ne compte peut-être pas cinq cent mille habitants. Il faut qu’une