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ORGANISATION

pouvoir de nous arracher nos idées ! Le conseil est admirable ; mais nous osons mettre le pouvoir actuel au défi d’en profiter : d’abord, parce que les hommes d’État d’aujourd’hui sont trop médiocres pour tenter quelque chose de grand et de hardi ; ensuite, parce que les intérêts auxquels ils sont asservis sont trop aveugles pour sonder la bêtise de l’oppression.

Il est vrai que les avertissements ne leur manquent pas. Nous avons écrit les premières lignes de ce livre au bruit des charges de cavalerie exécutées presque à notre porte. Nous avons continué sous l’impression de nouvelles qui nous montraient le port de Mâcon ensanglanté et l’ordre régnant à Clermont, au milieu des ruines encore fumantes de la guerre civile ! Est-ce que nous sommes condamnés à voir se reproduire éternellement ces scènes de deuil ? Est-ce que ces appels farouches à la haine seront toujours les seuls qui aient pouvoir de se faire entendre ? Pour prévenir, la police ; pour réprimer, le canon. Ah ! c’est trop, c’est trop ; et pourtant ce n’est pas assez. Mitrailler les insurgés vivants ; morts, les insulter… cela ne suffit pas, croyez-moi ; et tant que la science ne sera point opposée à l’esprit de révolte, l’émeute sera comme un tonneau des Danaïdes qu’il faudra sans cesse remplir avec du sang.

C’est à rapprocher toutes les classes de la so-