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ORGANISATION

maraderie, toutes les hontes, tous les mensonges, tous les scandales.

Encore si, au prix de la dignité des lettres compromise, de la morale publique ébranlée, des sources de l’intelligence empestées, le gros des gens de lettres avait fait fortune ! Mais non : l’exploitation a été aussi ruineuse que hideuse ; on a commencé par le déshonneur et fini par la misère.

Puis, du milieu de ces ruines se sont levés les spéculateurs, et ils ont offert aux gens de lettres leur assistance. Ce qu’ils apportaient comme mise de fonds dans ces tripotages de l’esprit, ce n’était pas même de l’argent ; c’était quelque artifice nouveau d’exploitation, un procédé. Il a fallu accepter leur concours. Le concours s’est bien vite transformé en domination ; l’homme d’affaires n’a eu qu’à s’approcher de l’homme de talent pour l’absorber ; on a vu des écrivains, et des meilleurs, se vendre à des courtiers de phrases, non pas même en détail, mais en bloc, comme Mairet au duc de Montmorency, lorsqu’il lui écrivait : « le don que je vous ai fait de moi ». Qu’ajouter à ce tableau malheureusement trop fidèle ? Est-il vrai, oui ou non, que ce sont des mains à peine capables de tenir une plume qui agitent aujourd’hui le sceptre de la littérature ? Est-il vrai que chaque jour, à la porte de tel spéculateur tout-puissant, se morfondent de pauvres littéra-