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INTRODUCTION.

Leur affranchissement seul est propre à vous ouvrir le trésor, inconnu jusqu’ici, des joies tranquilles ; et telle est la vertu du principe de fraternité, que ce qu’il retrancherait de leurs douleurs, il l’ajouterait nécessairement à vos jouissances. « Prenez garde, vous a-t-on dit, prenez garde à la guerre de ceux qui n’ont pas contre ceux qui ont. » Ah ! si cette guerre impie était réellement à craindre, que faudrait-il donc penser, grand Dieu ! de l’ordre social qui la porterait dans ses entrailles ? Misérables sophistes ! ils ne s’aperçoivent pas que le régime dont ils balbutient la défense serait condamné sans retour, s’il méritait la flétrissure de leurs alarmes ! Quoi donc ! il y aurait un tel excès dans les souffrances de ceux qui n’ont pas, de telles haines dans les âmes, et, dans les profondeurs de la société, un si impétueux désir de révolte, que prononcer le mot de fraternité, mot du Christ, serait une imprudence terrible, et comme le signal de quelque nouvelle Jacquerie ! Non : qu’on se rassure. La violence n’est à redouter que là où la discussion n’est point permise. L’ordre n’a pas de meilleur bouclier que l’étude. Grâce au ciel, le peuple comprend aujourd’hui que, si la colère châtie quelquefois le mal, elle est impuissante à produire le bien ; qu’une impatience aveugle et farouche ne ferait qu’entasser des ruines sous lesquelles périrait étouffée la semence des idées de justice et d’amour. Il ne s’agit donc pas de déplacer la richesse, d’élever, pour le bonheur de tous, de tous sans exception, le niveau de l’humanité.