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ORGANISATION

portant au Brésil, où l’on n’a jamais vu de glace, des cargaisons de patins[1] ; tantôt c’est Manchester envoyant, dans une seule semaine, à Rio-Janeiro[2], plus de marchandises qu’on n’y en avait consommé pendant les vingt dernières années. Toujours la production exagérant ses ressources, épuisant son énergie, sans tenir compte des moyens possibles de consommation !

Mais, encore une fois, amener une nation à se décharger sur autrui du soin de mettre en œuvre les éléments de travail qu’elle possède, c’est lui enlever peu à peu son capital, c’est l’appauvrir ; c’est la rendre par conséquent de plus en plus impropre à la consommation, puisqu’on ne consomme que ce qu’on est en état de payer. L’appauvrissement général des peuples dont elle avait besoin pour consommer ses produits, voilà le cercle vicieux dans lequel l’Angleterre tourne depuis deux siècles ; voilà le vice, le vice profond, irremédiable, de son système. Ainsi (et nous insistons sur ce point de vue, parce qu’il est de la plus haute importance), elle s’est placée dans cette situation étrange, et presque unique dans l’histoire, de trouver deux causes de ruine également actives et dans le travail des peuples et dans leur inertie : dans leur travail, qui lui crée

  1. Mawe. Travels in Brazils.
  2. Ibid.