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Page:Blanc de Saint-Bonnet - De l’unité spirituelle, tome 2.djvu/92

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pour lui des préjugés tant qu’il n’a pas trouvé le loisir de se les expliquer. Il est vrai que ce dernier inconvénient est le moins grave : quand on tient la vérité qu’importe par quel bout ! qu’importe d’en chercher tes preuves extérieures, surtout si on la réalise bien ? Eh mon Dieu ! le genre humain ne roule que sur des préjugés ; les masses n’ont pas le temps de réfléchir ; les savants eux-mêmes ne peuvent transformer tous leurs préjuges en points scientifiques, parce qu’il est impossible à une vie d’homme de revenir, par la réflexion, sur tout ce que l’on sait. D’ailleurs, la science n’a pas encore pu donner l’explication d’une multitude de choses que nous faisons tous les jours sans les comprendre, et sur lesquelles repose cependant notre existence.

Et puis, en fait de préjugés, si l’on voyait du grand savant à l’homme simple, combien il y a peu de différence !… entre eux, il n’y a que du plus au moins. Beaucoup de gens crient contre les préjugés, ils ont certes bien raison ; mais, comme je l’entendais dire à M. Noirot, si tous les préjugés se retiraient de la société, elle retomberait dans la barbarie. Et d’abord, les vérités d’une science, ne sont-elles pas des préjugés pour tous les hommes étrangers à cette science ? Les vérités astronomiques ne sont-elles pas des préjugés pour l’homme de lettres, par exemple, qui connaît ces vérités, et ne saurait les démontrer ? Les vérités physiques et chimiques ne sont-elles pas des préjugés pour le légiste, qui connaît ces vérités et en ignore les preuves ? Les vérités de l’arithmétique ne sont-elles pas des préjugés pour le commerçant, qui tous les jours s’en sert et n’en connaît pas les prin-