Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/104

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avec la douleur pour effacer l’égoïsme à mesure que le moi se fortifie par l’effort. Mais c’est le travail qui opère dans les masses le relèvement des âmes, et qui l’opère sans transports, sans enthousiasme, ce dont tant d’êtres seraient presque toujours incapables. Le travail est le levier universel du genre humain.

Un fils d’Adam vient en ce monde. Il faut que son cœur s’arrache à lui-même et prenne sa route vers Dieu. Pour cela, il faut que sa volonté sorte aussi d’elle-même à l’aide de l’effort ; pour cela, il faut qu’il travaille ; et pour cela, il faut qu’il ait faim. La plante croît sans avoir faim et sans travail la bête mange.

Pour l’homme, le travail n’est pas uniquement une punition qui le purifie devant Dieu et un traitement qui redresse sa volonté courbée dans sa chute, de manière à rendre au cœur son premier mouvement hors de lui-même. Le travail est encore pour l’homme une gloire, puisque c’est l’homme qui, par un effort personnel, a l’honneur ici de concourir au rétablissement de sa nature, de ramener la vigueur en son âme aussi