Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/141

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Dieu prévoit celles qui n’éprouveraient pas les peines morales, et il les expose aux peines de la faim. Il y a si peu de sensibilité dans ces milliers d’êtres au sortir du néant, qu’il faut à tout instant les réveiller par le vif sentiment de leur existence mise en question. L’homme a eu besoin d’un corps pour que le traitement de la vie descendît aussi bas que cela serait nécessaire. À ceux qui ne ressentiraient pas les peines de la conscience, Dieu envoie donc les dures peines du corps.

À ceux qui ne ressentiraient pas les nobles peines de l’honneur, Dieu envoie les peines vulgaires de la fortune. Enfin, à ceux qui n’éprouveraient pas encore les saintes souffrances du cœur, Dieu prépare les inquiétudes de l’esprit. Les âmes sont échelonnées ici-bas comme dans le Purgatoire.

Considérons, par exemple, ces âmes auxquelles il faut absolument un gain. Leur égoïsme les tient de près ; elles ne feraient pas un effort pour autrui sans salaire. Les professions qu’elles exercent sont, il est vrai, les moins honorées : ces âmes n’auraient pu se maintenir dans celles