Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/146

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Dépouillé, le voilà seul en face de son terrible vis-à-vis, le moi ; dès ce moment, l’homme est battu.

L’orgueil, une fois entré dans le désert de ce cœur, rejette tout, méprise tout ; l’orgueil est une spirale pour descendre à la ruine. Dès lors l’âme est comme à refaire : dans l’échelle de la vie, elle va revenir au bas, et recommencer le grand cercle. Car les sentiments devenus communs chez les pères reparaissent dans les enfants. Si ces derniers songent à se régénérer, leur volonté a de plus à combattre la loi de l’impulsion génératrice. Une race lentement élevée par la force de la vertu est vite sapée par le vice. Quand l’âme perd sa noblesse, les motifs élevés n’ont plus de prise sur elle ; elle est remise sur les leviers grossiers. La douleur sait toujours à qui elle a affaire. Il faut franchir les degrés du travail pour pouvoir se tenir dans ceux où il entre de l’amour.

Le grand point est que l’homme sorte de lui-même pour prendre le mouvement éternel de l’être vers l’être. Le travail est donné dans ce but. C’est le travail qui commence l’amour ; par