Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/19

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chercher un repos qu’il ne retrouvera plus, le cœur, riche en désirs, mais pauvre en déterminations sérieuses, se voit « enclin aux exagérations, aux espérances insensées, à la mobilité, aux craintes sans objet », aux caprices, aux présomptions, aux mécomptes, à la mauvaise humeur, bientôt à la colère, et de là aux ravages de la douleur. Les afflictions que cet état maladif répand sur la vie détruisent peu à peu les ressorts de l’âme et la livrent aux dangers qui naissent de l’abattement. Ceux qui errent dans ces vides brûlants côtoient à tout moment le désespoir ou un état peut-être pire ; et, d’ailleurs, l’homme est étouffé par la violence de ses désirs. Il se tient maintenant trop éloigné de Dieu, et la respiration lui manque.

Oui, parmi les signes alarmants de notre décadence, celui qu’on ne remarque peut-être pas assez est l’habitude prise dans les classes aisées de lire au lieu d’agir ; manière artificielle et pauvre d’exploiter les richesses de l’âme ! Il faut savoir que ces lectures, trop souvent vides, faites en dehors des grands auteurs ou des livres de Foi, agissent sur notre âme à la manière d’un opium qui l’excite un moment pour la