Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/203

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Mais vois-tu bien que, par la patience et la résignation inspirées à tant d’innocents, Dieu se prépare en eux des fleurs incomparables pour le jour des manifestations éternelles ? Cette mère, par exemple, se tient penchée depuis longtemps sur un berceau pour épier la première syllabe qui doit la réjouir, lorsqu’un jour elle comprend que ce berceau est muet, que nulle parole ne sortira des lèvres qui lui sourient. Devant ce fils, Rachel ne veut pas être consolée, parce qu’elle ne l’entendra point. Pauvre mère, quand le Seigneur a guéri l’aveugle-né, penses-tu que sa mère regretta les années que son fils venait de passer sans y voir ? Un jour, aussi, tu tressailliras, lorsque, délivrée de ce monde, tu recevras des mains de Dieu ton enfant plus joyeux et plus beau pour l’Éternité ! Ton âme débordera, parce qu’il aura été préparé en ce fils une telle manifestation de la gloire.

Et même, lorsque l’homme, après avoir brisé ses lois, disparaît sous ses propres décombres, imprimant à ses fils les marques de la dégradation, ne semble-t-il pas que la Providence veuille, à l’image de la nature, couvrir de telles ruines de