Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/240

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l’Absolu. Convoquée pour l’immortalité, l’âme devait tenir de son acte ce qu’elle ne pouvait tenir de son être ! Ô miracle de la création ! Il fallait à l’ami de Dieu un motif réel à la Gloire. Ne pouvant se devoir sa substance, l’homme se devra en quelque sorte sa personne !

De là, Dieu nous créa le moins possible. Il diminua en nous la nature, pour faire, s’il se peut, plus de place à la Grâce. Et, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’homme devait être créé d’autant moins que, s’il revenait sur son être pour détruire ce à quoi il n’avait pas coopéré, la Chute, qui devait porter le coup douloureux, allait ouvrir plus haut dans l’amour une source encore plus abondante. C’est à ce point qu’un saint, à l’aspect de l’acte de la Miséricorde, ne put s’empêcher de crier : O felix culpa ! Comment le nier ? Dieu a souffert la Chute : il y a bien à réfléchir sur un fait qui entre dans les vues du Ciel et dans les destinées de la terre !

Mais ceux qui n’aperçoivent dans la Chute que le mal et la douleur pensent qu’au lieu de