Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/28

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De crainte qu’une foule d’hommes ne prennent en haine leur destinée, il faut peut-être de nouveau leur expliquer le mystère de la vie.


M. de Chateaubriand faisait déjà cette remarque en 1802 : « Les persécutions qu’éprouvèrent les premiers fidèles augmentèrent en eux le dégoût des choses de la vie. L’invasion des Barbares y mit le comble, et l’esprit humain en reçut une impression de tristesse qui ne s’est jamais bien effacée. De toutes parts s’élevèrent des couvents, où se retirèrent des malheureux trompés par le monde, et des âmes qui aimaient mieux ignorer certains sentiments de la vie que de s’exposer à les voir cruellement trahis. Mais, de nos jours, quand les monastères, ou les vertus qui y conduisent, ont manqué à ces âmes ardentes, elles se sont trouvées étrangères au milieu des hommes. Dégoûtées de leur siècle, effrayées peut-être par la Foi, elles sont restées dans le monde sans se livrer au monde. Elles sont alors devenues la proie de mille chimères, et l’on a vu naître cette coupable mélancolie qui s’engendre lorsque les passions sans objet se consument elles-mêmes dans un cœur solitaire. »

Ces âmes se trouvent maintenant engagées dans les