Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/292

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— Eh ! comment ? — Un mot nous le laisse entrevoir. Nos souffrances glorifient Dieu : car la difficulté pour l’âme est d’être loin de l’Infini, de porter l’épreuve du temps, non seulement sans impatience et sans blasphème, mais avec allégresse, et dans cette paix glorieuse que le Sauveur ne cessait d’apporter et de souhaiter à ses disciples. De telles souffrances ne sont rien moins en nous qu’un triomphe de l’Infini, qui voit briller alors le succès de son œuvre. Elles justifient sa création aux yeux du souverain amour, comme à ceux du grand contempteur.....

Or, si l’homme, avec son néant, entre pour quelque chose dans la Gloire divine, qu’on juge de ce qu’il doit en revenir à sa propre gloire ! Et déjà la seule pensée de conduire l’homme plus avant dans la Gloire suffit à expliquer le poids surprenant de douleur et d’efforts qu’il porte en cette vie.....

À coup sûr, le triomphe de l’ineffable Créateur est de voir les âmes soutenir l’épreuve du temps, c’est-à-dire de la privation de l’Infini ! Mais si ces âmes peuvent y joindre la douleur, c’est-à-dire la privation même de la vie du temps, elles remportent la plus grande victoire. Se laissant remettre ainsi dans un néant qui