Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/62

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temps, quels regrets dans l’Infini ! L’homme, ici-bas, ne peut pas être consulté. Dieu, plus prévoyant, pourvoit continuellement à la peine, afin que l’âme, un jour, montant sur le seuil de la Gloire, n’ait point de reproches à faire !

La douleur nourrit l’âme. Souvent elle lui assure un pain plus fortifiant dans la vie que le pain de l’amour. Mais il ne faudrait point croire que la vie chrétienne soit une vie de privations continuelles ; c’est la privation seulement des biens temporels. Or, si elle est privation pour les organes physiques, elle est satisfaction pour les besoins spirituels. La vie du chrétien est le bien-être de l’âme, comme la vie de l’égoïste est le bien-être du corps. C’est à l’homme de choisir.

Les riches du monde sont pauvres précisément par où les saints sont riches. La question est de savoir quelle est la valeur des richesses du saint et celle des richesses du riche ; car les richesses n’ont de valeur que pour satisfaire nos besoins. Quels sont ceux de l’homme ? a-t-il besoin d’immortalité ? a-t-il besoin de ce qui est passager ?

Qui saurait compter les richesses de la douleur ?