Page:Blanchet de Pravieux - Les Réclusières de Venus, 1750.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 7 )

Entre les bras des Iſſés, des Armides,
Dormoient, filoient, tricotoient nos Alcides,
On ne comptoit jours heureux que les jours
Marqués, fêtés par les tendres Amours.
Tous à Cipris préſentoient des offrandes ;
Sur ſes Autels flottoient mille guirlandes,
Bruloit, fumoit le plus ſuave encens,
Et ſe ſiffloient d’inéfables accens ;
On s’y juroit une flamme éternelle,
Tout promettoit à l’aimable Immortelle
Un regne, un culte, à l’abri des revers,
Devant durer autant que l’Univers.
Quand de Caldée, ou des champs de Florence
Vint à Lutéce une exécrable engeance
Peuple maudit, mielleux, friſé, fardé,
Dont le fumet fut toujours haſardé,
Plus malfaiſant que peſte, que famine,
Qui va ſappant le monde en ſa racine