Aller au contenu

Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ma foi, monsieur Chardet, c’est moi qui viens au contraire pour votre service ; si vous voulez sortir un moment avec moi dans votre cour, je vous dirai ce que c’est. Je vois ici beaucoup de monde en train de festiner ; je ne voudrais pas attrister votre compagnie par une nouvelle qui n’a rien d’agréable. »

Philibert Chardet, qui entrait en ce moment dans la grange, entendit ces derniers mots. Il venait de parcourir la maison pour y trouver les deux enfants, et sa femme était si troublée d’avoir manqué de surveillance à leur égard qu’elle s’était cachée pour pleurer à son aise et n’avoir pas à subir les questions de son mari. Ahuries par l’événement, les servantes avaient payé de réponses évasives les interrogations de maître Philibert, de sorte que celui-ci, mieux préparé que son père à quelque catastrophe, comprit aux derniers mots de cet étranger qu’il venait en messager de malheur. Il prit donc son père par le bras, et, dès que tous trois furent dans la cour, il dit au nouvel arrivé :

« Il s’agit des enfants ?… Vous nous les ramenez ?… Où sont-ils ? »

Et, sans attendre de réponse, il s’achemina vers le portail du côté duquel l’inconnu tenait les yeux fixés.

« Une minute de patience ! répliqua l’étranger en l’arrêtant sans façon ; avant de les voir, il faut que vous sachiez tout au long ce qui leur est arrivé, et comment il se fait que je les ai ramassés par les chemins, comme des objets perdus. »

Là-dessus, Jacques Sauviac conta aux Chardet l’aventure du chemin de Marna ; mais, en dépit de la reconnaissance qu’il éprouvait pour les bons procédés de l’étranger, l’oncle Philibert frémit quand celui-ci parla du reboutage qu’il avait fait subir au pied déboîté d’Alice.