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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/154

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pas de la Saône, et, de là, il salua effrontément les baigneurs pas en leur demandant si l’eau était bonne.

Paul gardait rancune à Pétrus, car l’on aime rarement les gens qui vous ont induit en sottises, et, s’il n’eût tenu qu’à lui, personne n’aurait répondu à cette interrogation. Mais Mme Chardet faisait passer avant ses ressentiments le devoir d’un bon avis ; elle dit donc à Pétrus Courot qu’il avait tort de venir se baigner sans une personne de sa famille, et elle lui conseilla de s’en retourner à Uchizy.

« Nous ne venons que pour nous promener, répondit Pétrus qui fit filer sa bande en aval de la Saône afin d’esquiver une plus longue admonestation.

Pétrus, reprit Mme Chardet, passé les genêts il y a de grands trous dans la rivière, du côté où tu vas. On perd pied tout de suite. Je te recommande de t’en retourner, m’entends-tu ?

Mais puisque nous ne nous baignerons pas ! Nous voulons seulement chercher des nids de martins-pêcheurs dans les fourrés, » s’écria-t-il en allongeant le pas pour rattraper ses camarades qui riaient entre eux des alarmes de Mme Chardet, la plupart nageant comme de petits brochets.

« Ce garçon-là est incorrigible ; il fera bien du mal à lui et aux autres, » fit observer Jacques Sauviac.

Hélas ! il ne savait pas être si bon prophète.

La sortie du bain fit oublier cet incident, et l’on s’installa pour faire honneur au goûter, qu’on appelle à Uchizy la marande. Tous mangèrent avec appétit les viandes froides, le fromage de chèvre et les fruits, surtout Jacques Sauviac, qui avait dans les jambes une course à Plottes faite le matin pour le service des Ravières. Il goûta, il maranda de façon à faire tort au souper, selon son expression.

Heureusement le panier aux provisions était bien garni.