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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/175

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pas que la veuve de l’étameur apprit trop brusquement la mort de son mari ; il se proposait donc d’aller la chercher en lui disant que Sauviac était dangereusement malade et de la préparer en route à la catastrophe qui l’attendait.

Claude Chardet, quoique disposé à faire largement son devoir dans cette triste circonstance, trouvait cette démarche inopportune. L’indicateur des chemins de fer vint lui donner en quelque sorte raison en prouvant à Philibert qu’il lui serait impossible d’aller à Mozat et d’en revenir à temps pour la cérémonie des funérailles.

« Or, si cette pauvre femme n’a pas la consolation de rendre les derniers devoirs à son mari, il vaut mieux que tu restes ici, lui dit-il, où tu peux être utile à son pauvre enfant. Les nôtres ont besoin aussi qu’on les console, et ce ne sera pas de trop d’être tous ensemble à honorer ce brave Sauviac. Écris à sa veuve une longue lettre ; dis-lui que nous gardons son fils jusqu’à ce qu’elle vienne le chercher, ainsi que tout ce qui appartient à son mari, et qu’en souvenir de Sauviac, elle trouvera de vrais amis aux Ravières.

— Et même il peut lui annoncer, n’est-ce pas, mon père, dit tante Catherine qui avait entendu cette décision, que, si elle y consent, nous garderons Vittorio avec nous. D’après ce que j’en sais, la veuve Sauviac n’est point riche ; ses cinq filles, qui sont plus âgées que son fils, peuvent l’aider à vivre ; tandis que Vittorio, qui n’est pas d’âge à courir la France tout seul, serait une charge pour elle. Nous pouvons bien faire son éducation et le mettre à même de soutenir sa mère plus tard. C’est cette bonne œuvre qui honorerait le mieux la mémoire du pauvre Sauviac. »

Philibert embrassa tante Catherine pour cette idée qui était la sienne, mais qu’il n’aurait pas osé exprimer si vite, de peur de froisser l’autorité ombrageuse de son père. Il