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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/191

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rapporterons. Je parlerai en même temps au notaire de cet argent que Joseph Courot m’a laissé pour vous, et il me dira comment je dois m’y prendre pour que cet avare vous donne davantage.

— Ne sonnez mot de ceci, monsieur Chardet, s’écria la veuve. Il ne sera pas dit que la perte de mon pauvre mari me vaudra des rentes. J’aurais honte de vivre sur cet argent-là. Vous donnerez ces cent francs à votre curé pour des messes, puisque vous n’avez pas voulu que je paye un sou des tristes frais que nous vous avons occasionnés. Je ne veux pas seulement toucher à cet argent-là. »

Le cabriolet fut vite attelé, et le père et le fils partirent pour Tournus sans même prendre le temps d’apprendre à la tante Catherine la solution dont elle devait être si satisfaite ; ils en laissèrent le soin à la Bourbonnaise, qui eut d’autres soucis dès que leur départ lui eut rendu la liberté.

Elle courut au hangar, en tira sa charrette, alla chercher Asicot à l’écurie et se mit en devoir de l’atteler. Mme Chardet la surprit dans cette occupation.

« Vous partez donc si vite ? lui dit-elle, en lui tendant le paquet plein de ses dons.

Gardez cela, ma bonne dame, répondit la veuve. Vittorio demeure aux Ravières ; les messieurs Chardet se chargent de lui.

Comment donc ! Mais il n’y a pas une demi-heure que je viens de le voir sortir par le grand portail ; il avait un paquet sur l’épaule au bout d’un bâton, comme quelqu’un qui s’en va. Il marchait la tête baissée et la main sur sa figure. Je l’ai appelé, j’étais au deuxième étage, dans les greniers… il a fait semblant de ne pas m’entendre. Je me suis figuré qu’il s’en allait à l’auberge où vous êtes descendue et qu’il avait trop gros cœur de nous quitter pour pouvoir me parler.