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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/219

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dit qu’un campagnard riche a reculé devant la continuation d’une bonne action dont un homme pauvre s’était chargé, et ce n’est pas d’aujourd’hui, et pour faire plaisir à notre Paul, que je songe à prendre chez moi Vittorio. Mais je n’aime point faire des coups de tête, et j’ai voulu peser ma décision, pour qu’elle fût vraiment bienfaisante à cet enfant. Souvent les gens qui se chargent d’orphelins pauvres sont imprudents dans leur bonté, et comblent leurs protégés de douceurs, sans s’inquiéter de ce qui peut être propre à leur faire un avenir heureux. Que Vittorio entre en apprentissage à quatorze ou quinze ans, c’est assez tôt pour qu’il devienne un fin ouvrier dans n’importe quelle partie… D’ici là, tu peux l’amuser, Philibert, à lui faire apprendre tout ce qu’il voudra puisqu’il a du goût à ton latin et à ce tas d’affaires qui sont autant de mystères pour moi. Mais, avant tout, puisque nous nous chargeons de ce garçon, il faut nous occuper de savoir qui il est. Ce qu’il en a dit, ce qu’il en sait par lui-même est trop peu de chose. Le maire me dit qu’il faut lui constituer un état civil. Ah ! tu ne te doutais pas que j’avais consulté à ce sujet. Écris donc à cette Bourbonnaise… Bah ! elle ne répondrait peut-être pas. Écris plutôt au curé de Mozat, qui, d’après ce que nous en savons, doit être un brave homme. Il nous renseignera sans doute, ayant été grand ami de Jacques Sauviac. »

Vittorio ne put résister à la démarche du maître des Ravières, et l’on reprit au logis neuf l’ancienne existence, avec un changement toutefois. Vittorio ne voulut pas donner toutes ses journées à l’étude et aux récréations ; il s’arrangea de manière à employer une part de son temps au service du domaine, tantôt menant les bestiaux au pâturage, à la place du Bénicheux, tantôt faisant le marché à Tournus. Dans le premier cas, il emportait ses livres avec lui, et, pendant