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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/24

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moment où les convives, dûment lestés, débouchèrent dans la cour, Claude Chardet ne se fût mis à gronder son maître valet occupé à disposer sur une charrette attelée les paquets de sarments mouillés, qu’il retirait un à un des cuves en bois dans lesquelles ils avaient trempé par un bout en attendant le jour de la plantation.

« On fait tout de travers ici, dit le maître des Ravières, et il ne sert de rien que je commande.

— Tout est pourtant comme vous le souhaitiez, not’maître, répondit le père Billot. Le quartaut de vin à boire est chargé ; voici sur le devant un panier de verres et l’autre panier contenant la collation de midi. On n’aura pas froid à la manger là haut en plein air ; le soleil n’est pas bien chaud, mais il fait joli tout de même. Et voici tous les paquets de sarments en état.

— C’est bon, bavard, mais quel cheval as-tu attelé ? Je t’avais dit de prendre Noiraud.

— Ah ! Quant à Noiraud, reprit le maître valet, s’il court encore depuis qu’il est parti, il doit être loin. Maître Philibert l’a attelé au char à bancs, il y a de ça une demi-heure.

— À propos de quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette lubie ? s’écria Claude Chardet en colère, pendant que ses invités se disaient entre eux que c’était l’habitude de maître Philibert d’éviter les occasions de se trouver en compagnie, d’où quelques-uns tiraient contre lui une accusation de fierté, et d’autres une preuve de sauvagerie.

— Ma foi, not’maître, il ne m’a rien dit, sinon de verser un verre de vin chez nous à un homme qui est venu, et cela pour ne déranger personne au logis. Maîtresse Chardet était occupée du déjeuner, et ses deux servantes aussi. Cet homme avait une casquette noire avec quelque chose d’écrit, de brodé