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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/240

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Ensuite, il y a vingt-cinq lettres dans l’alphabet, n’est-ce pas ? On ôte la dernière, le z, qui ferait un partage impair. On a donc vingt-quatre lettres. On donne les douze premières à l’un de ceux qui se disputent quelque chose, on laisse les douze dernières à l’autre. On ferme les yeux, on ouvre le livre, on pique au hasard son crayon sur une lettre, et celui à qui elle appartient a gagné. C’est bien simple. »

Amusé par le gentil babil de sa petite-fille, Claude Chardet annonça qu’il se soumettait à ces conditions hasardeuses. Alice alla prendre dans la bibliothèque le premier livre qui lui tomba sous la main. C’était la Bible appartenant à Vittorio et que l’oncle Philibert avait demandée pour la lire.

Le livre s’ouvrit de lui-même au frontispice jauni, et le plat de la reliure retomba lourdement sur la table.

« Tiens ! dit Paul à son ami, la robe de ton livre n’est pas seulement cousue, mais collée sur la reliure. On dirait qu’il y a plusieurs étoffes l’une sur l’autre.

— Oui, dit Vittorio, mais n’essaye pas de les décoller. Mon père Sauviac m’a recommandé de respecter ce livre et de ne point lui enlever sa couverture d’étoffe qui a été cousue et collée par ma pauvre mère. C’est le seul souvenir que j’ai de mes parents.

— Mais je voudrais voir la reliure qui est peut-être jolie, dit Paul.

— Non, je ne l’ai jamais regardée, moi ; je ne voulais pas désobéir à mon père pour un aussi petit motif de curiosité. D’ailleurs, tu la vois un peu en tête du dos. Le livre est relié tout simplement en basane marbrée, et c’est parce que le dos était cassé que ma pauvre mère a solidement cousu dessus cette robe de velours et de toile, car il y a de la toile dessous, on le sent bien.

— Et de la toile très raide, dit l’oncle Philibert. On reliait