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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/266

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fille. C’est bien la peine d’avoir deux frères, pour que l’un soit à Paris et que l’autre me menace de s’en aller à Tombouctou et en Patagonie. Grand-père, venez gronder Paul, s’il vous plait. »

Claude Chardet n’avait fait que sourire du projet de son petit-fils. Il était désormais réconcilié avec la science ; s’il n’était pas monté à son belvédère, le 3 janvier, pour annoncer avec un porte-voix à toute la commune les honneurs qu’elle avait valus à Philibert, c’est que son bon sens lui avait démontré qu’un ruban rouge est visible à une boutonnière pour les yeux les plus myopes.

L’ambition de Paul ne déplaisait donc pas à son grand-père. Il admettait la nécessité des longs voyages pour un jeune naturaliste qui ne veut pas se confiner dans une spécialité ; ses séances d’hiver à la salle d’études avaient élargi son cercle d’idées, qui, pendant longtemps, s’était renfermé dans les bornes de ses intérêts, au particulier, et, au général, dans ceux de la commune d’Uchizy, avec ceux du département comme perspective lointaine.

Les succès de Paul avaient tellement flatté Claude Chardet qu’il avait permis à son petit-fils d’aller au-devant de Vittorio jusqu’à Dijon, qu’ils devaient visiter ensemble, et c’était leur retour qu’on attendait aux Ravières avec impatience.

Toute la famille alla jusqu’à la gare d’Uchizy, inaugurée depuis peu d’années, pour y attendre le train, chacun s’obstinant à le trouver en retard, malgré les protestations du chef de gare, qui s’était empressé de permettre aux gens des Ravières l’accès de la voie.

Enfin les lanternes rouges de la locomotive apparurent, et tout aussitôt l’on aperçut, sortant d’une fenêtre de wagon, deux chapeaux vivement agités.

Le train stoppa. Paul et Vittorio se précipitèrent d’un bond