Page:Blandy - La Benjamine.djvu/23

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lée à l’administration intérieure de la maison, j’avais égayé l’aspect sombre de cet escalier quasi-monumental en parant ses paliers d’arbustes en caisses et de grandes gravures aux murs.

J’entrai dans ma chambre, où flottait le parfum frais des deux magnolias que je mettais chaque matin dans mes porte-bouquets. Ce luxe ne faisait pas tort aux magnoliers du jardin, forts comme des chênes, et qui, tout le temps de leur floraison, ouvraient tous les jours par centaines les corolles lactées de leurs fleurs. J’aimais, en rentrant dans ma chambre, à respirer cette atmosphère parfumée ; mais je la savais pernicieuse pour la nuit, et ce soir-là, comme d’habitude, j’ouvris une fenêtre pour aller déposer mes porte-bouquets sur le balcon.

Il était dix heures du soir. Les rues et les places des petites villes du Midi sont désertes à cette heure-là. Montserrou, que nous habitons, cet humble chef-lieu de canton de l’Ariège, n’a aucun mouvement de commerce et d’industrie qui le pose en exception de cette loi générale. Pas un passant sur cette vaste