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Page:Blandy - La Benjamine.djvu/25

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fêter cette nuit lumineuse et monter dans l’éther comme un hymne de reconnaissance et d’amour.

La fraicheur de l’air avait fait du bien à mes yeux, à ma tête en feu. La sérénité de la nuit m’avait calmée. Ce chœur de voix lointaines, scandant les syllabes accentuées du patois languedocien, berça la rêverie qui me gagnait.

Je me revis toute petite fille, épelant dans le livre que tante Paule tenait sur ses genoux, suivant les lettres que m’indiquait son aiguille à tricoter. Dans ce temps-là, j’étais délicate, facilement enrhumée, et tante Paule ne me promenait jamais sans emporter un renfort de châles de laine qu’elle étageait sur moi dès que je m’étais un peu agitée. Toutes les contrariétés que j’avais subies à cette époque se résumaient dans l’horreur que ma rancune m’avait laissée contre les engins de toilette propres à emmitoufler les gens.

J’avais par contre toutes sortes de petits bonheurs dont le plus apprécié était nos excursions à ma petite propriété de Palommiers, — j’ignorais alors qu’elle m’appartint