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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/110

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mais auxquelles son naturel prime-sautier le poussait. Mais s’il suivait son cousin lorsqu’il s’agissait d’une furtive promenade en bateau sur la Moskova, d’une course à cheval à travers bois et plantations, Arkadi cessait d’être son second dès que les caprices de Stéphane avaient pour but de blesser la dignité des gens de leur entourage. Ainsi, malgré sa propension à la raillerie, il ne s’associait jamais aux mystifications que son cousin faisait subir journellement à leur professeur de latin que sa timidité et sa déférence pour la famille Alénitsine empêchaient de se plaindre de ces inconvenances.

C’était un fils de pope élevé, à l’Académie de Moscou par les soins du comte Pavel ; il remplissait à la Mouldaïa les fonctions d’intendant, et faisait l’intérim des professeurs de Moscou pendant le séjour de la famille à la campagne.

Si Mlle Mertaud adressait à Stéphane des remontrances à ce sujet, il lui répondait que rien au monde ne saurait lui faire respecter M. Gratitude. C’était le sobriquet français qu’il avait donné au fils du pope, tournant ainsi en ridicule la touchante preuve de reconnaissance que celui-ci donnait en rappelant à tout propos les bienfaits dont l’avait comblé le comte Pavel. Ce brave garçon était si pénétré de ces bons sentiments qu’il faisait des prodiges d’activité pour que sa nouvelle tâche ne nuisît pas à ses fonctions d’intendant, et qu’il arrivait parfois du bout du domaine, haletant et