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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/123

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pattes d’un coup de baguette. « Holà ! tout beau et attention ! La femme, vous pouvez m’apporter l’enfant. »

Axinia passa au bohémien sa petite fille encore pâlie par les fièvres intermittentes que le séjour de la Mouldaïa n’avait pas tout à fait guéries. Celui-ci hissa sur le dos de la bête l’enfant muette de frayeur, et pendant qu’il la maintenait assise sur cette singulière monture, Axinia faisait des signes de croix et murmurait les premiers versets des litanies russes.

C’était unir une prière chrétienne aux vieilles superstitions du pays qui prétendent qu’on guérit de la fièvre en s’asseyant dix minutes sur le dos d’un ours ; le bohémien fit bonne mesure, car l’enfant resta un grand quart d’heure sur le dos de Napoléon, cachant à la fin sa tête sous sa jupe retroussée pour ne pas voir la grosse bête dont la respiration donnait un mouvement de roulis à son petit corps. Enfin le bohémien la prit dans ses bras et dit à Axinia en la lui rapportant :

« La voilà bien guérie : le malin a pris sa fièvre pour lui-même.

— Grand merci à Dieu et à toi, frère, répondit la mère en lui glissant une petite offrande dans la main.

— Ne prends rien, dit Stéphane au montreur d’ours. Ceci est mon affaire et j’ai à te parler.

Stéphane commença par payer la prétendue guérison de l’enfant d’Axinia ; puis il dit au bohémien, bien disposé par cette générosité :