d’accident ce serait au pauvre hère, complice de sa lubie, qu’on s’en prendrait tout d’abord.
Stéphane dut donc entrer en composition avec lui ; se faisant fort de ce que le maître de l’ours lui disait de l’abrutissement où l’eau-de-vie jetait Napoléon, il lui proposa de coucher l’animal tout muselé sur le lit de la chambre en question après lui avoir donné une nouvelle ration d’eau-de-vie. La corde fixée au pied du lit ne lui permettrait pas de s’éloigner de sa couche, s’il s’avisait de se lever.
Le bohémien n’hésita plus lorsque Ermolaï eut assuré, pour flatter son jeune maître, que la plaisanterie était excellente et que tout le monde en rirait.
La comtesse étant en visite dans les environs, et la domesticité étant encore retenue au village par la curiosité qui l’y avait conduite, nul autre qu’Ermolaï ne vit l’hôte étrange amené par Stéphane à la Mouldaïa.
Maître Napoléon grimpa d’assez bonne grâce dans la chambre de M. Carlstone. On l’affubla sans façon d’un macfarlane et d’un bonnet de fourrure appartenant au professeur d’anglais ; mais si le mac-farlane sans manclies s’ajusta passablement sur la poitrine velue de l’animal, le bonnet de fourrure qui lui tombait sur les yeux et qu’il fallut fixer à l’aide d’un ruban sur son crâne déprimé l’ennuya beau coup. Il l’arracha et le pétrit dans ses pattes avec une colère comique, puis il le lança en l’air comme un ballon.