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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/142

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taux pendant aux arbres et aux buissons. Le froid était aigre, mais sain, et loin de se confiner dans la maison seigneuriale, les habitants de la Mouldaïa passaient en plein air leurs moments de loisir, dès que les bourrasques de neige eurent cessé, et que la gelée eut rendu praticables les chemins tracés par les valets et les mougiks du village.

Alors ils inaugurèrent la série des plaisirs de l’hiver. Le plus souvent ils faisaient des parties de traîneaux sur la colline. C’est le jeu des montagnes russes. Il consiste à monter à pied une éminence, un petit traîneau sous le bras, et à faire lancer par les domestiques, postés sur la hauteur, ce traîneau sur lequel on s’est assis ou pour mieux dire accroupi, les genoux à la hauteur des yeux. Le traîneau glisse avec une rapidité vertigineuse sur la pente glacée, et l’on s’enivre de vitesse en mêlant des cris involontaires au bruit métallique de la neige rayée par le patin du traîneau.

Le chapitre des accidents égaye toujours ce jeu : un traîneau mal lancé se renverse sur le dos de celui qu’il porte ; un autre, pirouettant sur un obstacle invisible, jette son maître dans un amas de neige nouvelle où il va sculpter en creux son effigie ; et chacun de rire, jusqu’aux valets dont les figures rougies par le froid sortent bizarrement des collets de livrée doublés en peau de loup.

Quand Mlle Mertaud était contente de ses élèves, on organisait une partie de patin, non pas sur la Moskova, trop