Aller au contenu

Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riz, tendues sur la toile des paravents, une profusion d’oiseaux multicolores et de papillons diaprés posés sur des feuillages à l’échevèlement bizarre, ou planant dans le vague azur d’un ciel indiqué par des teintes molles, nuancées de vert d’eau et d’orangé. Ce concert de couleurs était gai à l’œil, et l’on avait essayé de lui donner une réplique en entourant les lits de bambou et les fenêtres de rideaux en perse à fond clair sur lequel voletaient aussi des oiseaux, moins jolis que ceux dont la verve de Tada-Yoci avait parsemé les cloisons.

Il y avait entre ces deux spécimens de l’industrie occidentale et de l’art oriental la différence qui sépare la réalisation mécanique, répétée, d’un dessin correct et compassé, et l’épanouissement capricieux d’une fantaisie libre.

Les paravents s’arrêtant à un mètre des fenêtres, les enfants pouvaient communiquer entre eux sans recourir aux portes du corridor qui assuraient d’un autre côté leur indépendance. Ce système tenait donc à la fois du dortoir et de la cellule monastique ; mais ces cellules étaient si jolies avec leurs toilettes en marbre blanc entourées d’un rideau de perse, leurs armoires en frêne et leurs siéges de bambou, qu’Arkadi se confondit en exclamations joyeuses. Il courait d’un paravent à l’autre, louant chaque panneau jusqu’au moment où il lui préférait le suivant, tapotant les mains de Tada-Yoci pour le complimenter de son talent, et jurant que ces oiseaux allaient le bercer toute la nuit de chansons japonaises.