Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/259

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— Moi, partir pour le Japon ! s’écria Suzanne, éperdue. Je comptais rentrer dans ma famille.

— Du tout, du tout, dit la comtesse en arrêtant les supplications qui de toutes parts se pressaient sur les lèvres des enfants, désireux de garder leur ancienne gouvernante qu’ils aimaient beaucoup. Vous m’aviez promis de demeurer près de moi. Quand on donne cinq ans de sa vie à une famille, on appartient à cette famille-là, à moins qu’elle n’ait démérité, et nous vous aimons tous. C’est votre tempérament français qui me résiste en ce moment. Rougissez donc de votre humeur casanière en la comparant au plaisir que ce voyage fait à M. Carlstone.

— Oh ! moi, dit l’Anglais, je serai heureux de revoir les Indes.

— Est-ce que dans nos incursions nous ne trouverons pas de diamants bruts à acheter ? demanda Arkadi ; nous les rapporterons à Prosper Bouchut qui les taillera lui-même puisqu’il sera ouvrier à notre retour. »

Mlle Merlaud discutait pendant ce temps-là la question de ce voyage avec la comtesse Alénitsine qui levait une à une toutes ses objections.

« Vous nous serez très-utile, disait-elle ; vous tiendrez le journal du bord, vous me ferez la lecture, et, en fin de compte, il est plaisant que vous me demandiez pourquoi vous partiriez ? Est-ce que je ne pars pas, moi ! »

De si affectueuses instances vainquirent Suzanne, et