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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/74

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phane. Si vous croyez venir à bout de moi comme d’un petit enfant à qui l’on promet des confitures et des dragées pour qu’il soit sage, vous vous trompez. Je ne vous aimais pas hier, je vous déteste aujourd’hui. Voilà ce que vous y aurez gagné. »

Il continua assez longtemps sur ce ton. Suzanne le laissa épuiser sa colère. Quant il eut épuisé la kyrielle de son âcre complainte, elle lui dit paisiblement :

« Je vous ai empêché de déjeuner pour vous épargner un retour de la crise de cette nuit. Si vous tenez à me prouver que vous n’êtes pas un enfant, vous ne crierez plus ainsi sans raison. Je ne demande pas mieux que d’être assurée de votre bon jugement. Quand il me sera démontré, ma besogne auprès de vous sera très-facile.

— Ah ! je vous réponds qu’elle ne le sera pas, si vous prétendez toujours me faire suivre votre fantaisie !

— Je souhaite que votre conduite soit toujours digne de ce que vous devez aux soins que votre père donne à votre éducation et à l’exemple de sa vie laborieuse.

— … L’exemple de mon père ! murmura-t-il d’un ton moins rude, et il réfléchit un moment ; puis tout en combattant une confusion mal dissimulée, il vint s’asseoir en face de sa gouvernante et il ajouta : « Que vous a-t-il dit de moi, mon père ?

— Oh ! bien des choses que j’aimerai à vous répéter quand nous serons devenus grands amis. »