Page:Blandy - Revanche de femme.djvu/148

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seulement laquelle des deux, la chasse ou moi, il quittait avec le plus de regrets pour l’autre. Il n’admit pas que cette comparaison fut soutenable.

Quant à moi, je compris que l’habitude de la chasse s’imposait à Christian jusqu’à donner à tous ses sentiments le même goût pour les longues quêtes autour d’un but désiré et la même indifférence, une fois ce but atteint. Je m’explique. Le plaisir de la chasse consiste non pas dans le plus ou moins de gibier tué, mais dans les alternatives de bonne ou mauvaise chance, d’habileté ou de maladresse, et dans une poursuite accidentée par l’imprévu. C’est une variété inférieure de l’amour des conquêtes, et vous savez qu’il est de la nature des conquérants de préférer le gain qu’ils méditent à celui qui leur est acquis.

J’eus beau entrevoir tout cela, je m’étourdis pour m’aveugler, et follement j’essayai de l’emporter sur la passion que je nommai ma rivale. Moi qui m’étais toujours piquée de rester naturelle, je m’étudiai pour n’être ni trop tendre, de peur d’ennuyer Christian, ni trop gaie, de peur qu’il ne me prît pas au sérieux, ni surtout trop railleuse. Ce dernier écueil fut le plus difficile à tourner, car j’étais tentée de me ven-