Page:Blandy - Revanche de femme.djvu/15

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très, plus pittoresques ou plus gaies que Lyon ; nulle n’est plus aimée. Ce n’est pas comme l’on aime généralement sa patrie que les indigènes des Terreaux, des Brotteaux et de Perrache chérissent leur ville ; ils ont pour elle la faiblesse d’un amant pour sa maîtresse ; ils admirent tout d’elle, surtout ses imperfections ; ils la possèdent à tous les temps du verbe, car Lyon est peuplé de savants, d’archéologues qui passent leur vie à compulser des parchemins, à déchiffrer des inscriptions, à collectionner des médailles pour s’enquérir du passé de Lyon, des hommes célèbres qui l’ont embelli ou seulement visité, et je craindrais de faire sourire aux dépens de gens que j’estime en révélant l’avenir qu’ils rêvent pour leur patrie.

Paris n’a qu’à se bien tenir s’il veut conserver le privilège qu’un aveugle hasard lui a donné sur les autres villes de France. Il montre bien sa pénurie en quêtant de ci, de là, un canal, une rivière, quelques gouttes d’eau enfin pour suppléer à sa petite Seine, ce méchant ruisseau presque sec, et en appelant à lui des ressources des quatre coins du globe, tant il lui est impossible de se suffire. Lyon est plus riche ; Lyon se suffit, matériellement et intellectuellement parlant.