dhuy, embarras que connaissent les ménagères de la petite bourgeoisie parisienne. Lorsqu’à certains jours un convive qui n’est pas de l’intimité étroite s’impose un quart d’heure avant de se mettre à table, l’économie du dîner de famille est dérangé au point qu’aucun des éléments qui le composaient n’est plus digne d’y figurer. Il faut alors à la maîtresse de la maison une vive entente des ressources qu’offrent le garde-manger et les fournisseurs les plus proches afin d’arriver à improviser un menu présentable.
Mme Maudhuy possédait ces qualités, indispensables à une Parisienne, mais dans la circonstance sa présence d’esprit habituelle lui fit défaut. Cécile s’étonna de voir sa mère hésiter, donner à la bonne des ordres contradictoires, négliger des combinaisons aisées, qui s’offraient d’elles-mêmes, pour en proposer de compliquées.
— Je n’ai pas la tête à moi ce soir, disait Mme Maudhuy en s’apercevant de ses tâtonnements.
Il était visible en effet qu’elle n’était pas dans son état ordinaire. Elle allait et venait de la cuisine à la salle à manger, brouillant les objets qu’elle touchait, cherchant ceux qu’elle avait sous la main, agitée, haute en couleurs, elle dont le teint était mat et déjà terni par les teintes de la maturité.
— Bonne mère, lui dit enfin Cécile, ne te tracasse pas ainsi. Donne-moi tes pleins pouvoirs et laisse-nous. À six heures et demie, on servira un dîner convenable. Mais M. Develt est un peu sans gêne