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Maisons de Plaisir

Un étranger qui voudrait faire connaissance avec ce monde, pourrait se rendre, à l’heure du déjeûner ou du dîner au restaurant du Rat-Mort ou de la Nouvelle Athènes, place Pigalle, ou à la brasserie de l’Ermitage, boulevard Rochechouart. Il y trouverait ces faux ménages attablés à côté d’artistes de modèles, de cocottes du quartier.

Tout ce monde-là fraternise dans une joyeuse et franche gaîté.

Les femmes, excentriques, voulant se donner l’air de « femmes d’artistes », rient à gorge déployée. Les modèles s’interpellent d’un bout de la salle à l’autre les rapins se font des farces.

Tout le monde parle, rit et crie à qui mieux mieux.

Les femmes sont d’autant plus gaies, que leur collage leur donne droit à l’insouciance.

Si la débine survient, le modèle qui pose seulement à présent, pour son amant, ira poser ailleurs ; l’ouvrière, si elle ne reprend pas le chemin de l’atelier, fera, au besoin, un « miché » dans un établissement de plaisir qu’elle fréquente le soir.

À moins de trouver le monsieur richissime qui lui donnera chevaux et hôtel, elle ne plaquera pas son ami, parce qu’il est dans la dèche. La Montmartroise est bonne fille, et la pensée même ne lui en viendrait pas.