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et Distractions Parisiennes

cet autre monsieur qui l’a distinguée depuis quelques jours.

L’ouvrière parisienne est née roublarde et elle a à cœur de ne pas se laisser « mettre dedans ». Aussi, elle ne « marche » qu’après s’être assurée d’un coup d’œil rapide, mais sûr, qu’elle ne perdrait pas son temps en écoutant son suiveur.

Elle l’a pesé, jugé, et si le résultat de son court examen est bon, elle lui envoie un de ces sourires endiablés dont seules, les petites parisiennes ont le secret.

Le monsieur en est remué jusqu’au fond des moëlles et, tout ragaillardi, il presse le pas.

Sa chasse à la petite femme s’annonce bien ; il a le pressentiment qu’il ne rentrera pas bredouille.

Il irait au bout du monde, s’il le fallait, à présent, pour suivre la belle enfant qui vient de se retourner et de lui décocher une œillade qui le fait flageoller sur ses jambes.

Il hume profondément l’air autour de lui, comme s’il voulait garder en lui le parfum que laissent sur leur passage les bandes de petites femmes qui filent, frétillantes et froufroutantes comme une envolée de moineaux.

On dirait, en effet, qu’elles ont des ailes, les midinettes, le matin. Elles volent plutôt qu’elles ne marchent, rieuses et sautillantes, perchées sur leurs hauts talons qui claquent sur le bitume. Leur jupe retroussée avec la grâce qu’apporte l’ouvrière à chacun de ses gestes, laisse voir la che-