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et Distractions Parisiennes

pas une fille et elle aime qu’on le sache ; aussi se fait-elle prier avant de céder.

Quand un nouveau suiveur a jeté son dévolu sur une des jeunes filles de la maison, il règne dans l’atelier, une atmosphère qui semble suspecte à « Madame ». Les ouvrières rient en se coulant des regards en dessous, elles se trémoussent sur leurs chaises et dès que « Madame » a tourné le dos, la plus hardie d’entre elles, plante là son ouvrage et va jusqu’à la fenêtre pour examiner les parages.

Si le suiveur, en attendant la sortie de l’atelier, fait le « poireau », toutes les midinettes accourent à leur tour.

C’est une bousculade, une poussée qui a pour résultat de faire tomber un mannequin, une planche ou tout autre objet.

Alors, c’est une fuite éperdue ; chacune regagne sa place avec une telle célérité que personne ne s’avise de baisser le rideau de la vitre par laquelle on regardait le « poireau ».

C’est « Madame » ou sa remplaçante qui entre et qui s’aperçoit qu’au moins une de ces demoiselles a quitté son travail pour aller regarder dehors.

Et gare alors aux semonces, aux remontrances.

Les belles petites, sous le flot des paroles mécontentes, oublient momentanément le suiveur qui, méthodiquement, fait les cent pas dans la rue.

La gaieté est envolée, les nez sont baissés sur